« Je suis fatiguée d'être traitée comme une citoyenne de seconde zone. »


Nos Luttes


Le 30 novembre 2018, contre le racisme et les inégalités sociales, on disparaît de nos lieux de travail, de nos facs, de nos écoles, des réseaux sociaux, des lieux de consommation.

Et le 1er décembre, on réapparaît sur toutes les grandes places des villes, pour exiger Egalité et Dignité pour tous et toutes.

AVEC NOUS OU RIEN


Nous, Noirs, Arabes, Rroms, musulmans, issus de l'immigration postcoloniale, identifiés comme des non-blancs, sommes les cibles prioritaires d'un racisme structurel qui, depuis plusieurs décennies, poursuit sa marche funeste en se déployant à tous les niveaux de la société. Le constat est sans appel : nous sommes de plus en plus exposés aux violences et aux crimes policiers, aux discriminations systémiques, aux humiliations et à une précarisation généralisée. À l'origine du traitement différencié réservé à nous « citoyens de seconde zone », au mieux, « citoyens refoulés », au pire, se développe et s'affirme un véritable « racisme d'État » qui s'exprime sous diverses formes.
Des formes d'Etat comme lorsque les binationaux ne bénéficient même plus des protections formelles de la Belgique dans leur pays d'origine, ou plus subtilement lorsque Noirs, Rroms, Arabes et musulmans sommes transformés en purs objets silencieux des politiques publiques qui nous concernent.
Des formes structurelles qui, s'appuyant sur ces logiques d'Etat, imprègnent la société belge dans son entièreté, jusqu'aux mouvements politiques prétendant parler en notre nom mais nous renvoyant à un supposé « communautarisme » dès que nous déployons nos propres modes d'organisation. Ceux-ci sont souvent suspectés a priori de tous les maux : racisme anti-blanc, sexisme, conservatisme, islamisme, voire antisémitisme, etc.
Ce racisme structurel vise particulièrement trois catégories de personnes :
➢ Les musulmans : De l'exclusion des femmes et filles voilées dans l'éducation au matraquage médiatique qui diffuse et banalise une idéologie islamophobe, l'islamophobie traverse l'ensemble du champ politique belge. Un véritable arsenal de guerre intérieure - état d'urgence, un nombre conséquent de perquisitions dans les familles, les commerces, les associations et les lieux de culte musulmans, ... - s'est déployé à des fins d'intimidation de la communauté musulmane et des organisations qui travaillent à la défense de ses intérêts. Sans oublier l'arsenal des politiques antiterrorisme, sous couvert de la sécurité nationale, qui légitiment une politique délétère, mal intentionnée et traduisent parfaitement un racisme légalisé.
➢ Les Noirs : La négrophobie participe à l'échelle nationale et internationale d'une négation des droits les plus fondamentaux des populations afro-descendantes dont la mémoire liée à l'esclavage occidentalo-chrétien et à la colonisation esclavagiste, continue d'être occultée et méprisée par les instances occidentales. En Belgique, les Noirs sont, de fait, les plus exposés aux crimes policiers, au contrôle au faciès, aux discriminations racistes à l'emploi et au logement...Les rafles violentes qui ont eu lieu au parc Maximilien durant l'année 2017, la collaboration avec des dictatures pour organiser les expulsions, l'expansion des centres fermés pour enfants et familles sont les expressions visibles d'un racisme ambiant. L'ouverture du Musée de Tervuren est l'illustration par excellence de la négation de l'histoire de la traite esclavagiste des afro-descendants par la Belgique et par lequel, il devient l'emblème contemporain, parmi d'autres, de la négrophobie structurelle, notamment par son obstination à ne pas restituer ce qui a été spolié.
Le racisme structurel en Belgique s'exprime par des techniques de discrimination, invisibilisation et exclusion de divers secteurs de la vie citoyenne : emploi, éducation, logement, soins de santé, accès aux biens et aux services, justice pénale et médias (étude de l'ENAR, 2010). Il existe des centaines de témoignages sur les violences policières, les discriminations dans les domaines scolaire et judiciaire. Chaque jour, des faits divers relatent des agressions à l'égard de personnes issues des populations noires de ce pays sans qu'aucune réelle sanction ne soit jamais prise à l'égard des agresseurs (insultes à Pukkelpop, morts d'enfants suspectes dans les crèches, morts d'individus lors de détentions préventives, placements abusifs d'enfants en institution,...). Au niveau médiatique, on peut parler d'une représentation biaisée. On montre volontiers les Congolais du doigt lorsqu'il s'agit de les accuser de viols ou de semer la panique (émeutes 2015 et JT RTL) mais lorsqu'il s'agit de rendre hommage aux anciens combattants de la Première guerre mondiale, on trouve porte close aussi bien auprès des organisateurs des manifestations étatiques que dans les manuels scolaires.
Sémira Adamu, Dieumerci Kanda, Nathy, Daniel Mbonzi, Malaïka, Jonathan Jacob , sont les victimes parmi tant d'autres de cette négrophobie structurelle. ➢ Les Rroms : La rromophobie et l'antitziganisme, autre visage du racisme d'État, se sont constitués historiquement par projection dans le territoire métropolitain des méthodes d'administration racistes des populations colonisées. Au-delà d'une montée des discours et des représentations rromophobes dans les discours publics, la « chasse aux Rroms », organisée par l'État, prend la forme d'une politique particulièrement agressive de démantèlements successifs de leur lieu d'habitation. Quelques rares centres existent en Flandre, un en Wallonie et aucun à Bruxelles. Les enfants rroms sont particulièrement discriminés en matière d'accès à l'éducation. Au lieu de démanteler leurs lieux d'habitation, il s'agirait de leur permettre de conserver leur style de vie dans des conditions décentes.
Qui plus est, pris en tenaille entre deux voies scabreuses - une politique identitaro-nationaliste flamande et une politique francophone calquée sur le modèle français d'une citoyenneté universelle - les racisé.es se voient soit instrumentalisé.es soit subordonné.es à des enjeux de pouvoir culturel et lingustique qui divisent historiquement la Belgique.
Ainsi, à l'heure où celles et ceux qui combattent ce système raciste sont stigmatisés, calomniés et persécutés sous le label « islamo-gauchistes » ou de communautaristes, où la dénonciation est discréditée sous prétexte de « victimisation » où l'identitarisme bat son plein à l'échelle mondiale, où de nouvelles contestations de l'hégémonie occidentale se font entendre à travers le monde, il est temps d'imposer un nouveau rapport de force en posant les jalons d'une initiative qui fait le plein à la fois des revendications historiques de l'immigration et de l'anti-impérialisme notamment panafricain tout en dessinant la perspective stratégique d'un cadre d'alliances entre l'antiracisme politique et le mouvement social, stabilisé à partir d'une colonne vertébrale claire : la lutte contre le racisme structurel et ses diverses formes.
Nous, héritiers de la longue histoire des luttes anti-coloniales suivies des luttes de l'immigration traçant un sillon à travers le tissu associatif, le monde du travail, les espaces publics à la faveur de prises de paroles critiques et autonomes sur des sujets aussi variés que reliés que sont la problématique des naturalisations, des féminismes minoritaires, de la décolonisation des espaces publics, de la mobilisation pour Gaza, etc. Depuis les Marches contre les violences policières aux mobilisations pour une reconnaissance de l'effort de guerre des anciens combattants congolais lors des cérémonies officielles organisées par l'État, réfutons en bloc toutes les stratégies de tensions
opposant citoyens belges et citoyens de seconde zone, « immigrés » et réfugiés, musulmans et non musulmans, militants et société civile et appelons l'ensemble de celles et ceux qui se reconnaissent dans ce « Nous politique » antiraciste à se mobiliser.
Le 30 novembre 2018, contre le racisme et les inégalités sociales, on disparaît de nos lieux de travail, de nos facs, de nos écoles, des réseaux sociaux, des lieux de consommation.
Et le 1er décembre, on réapparaît dans l'espace public à Bruxelles, pour exiger Egalité et Dignité pour tous et toutes.

ENSEMBLE OU RIEN


Nous, travailleurs, chômeurs, retraités, sommes comme l'ensemble de notre camp social, attaqués de plein fouet par les politiques néolibérales qui s'enchaînent et qui telles un bulldozer avec le gouvernement fédéral aux manettes détruisent un par un nos acquis.
Mais en plus, parce que nous sommes aussi immigrés ou héritiers de l'immigration, nous subissons des discriminations : à l'embauche, dans les statuts de nos contrats, dans les postes occupés, dans le déroulement de carrière, dans le droit à la formation et au final des discriminations au moment du départ à la retraite. S'ajoutent à ce traitement inégal, les discriminations faites à l'endroit des femmes qui occupent la place des derniers de cordée au nom de leur genre et de leur origine ethnique ou qui sont purement et simplement exclues de l'emploi au nom de l'expression « visible » de leurs convictions religieuses.
Plafonds de verre, et planchers pourris : Les statistiques le montrent, entre nous et le reste de la population, l'écart des taux de chômage est d'au moins 20 points, la proportion de bas salaires est plus de deux fois plus importante et le taux de contrats flexibles (intérimaires) est jusqu'à quatre fois plus élevé selon la Région. es candidats aux noms à consonance étrangére ont 30 % de chances en moins d' être convoqués à un entre en d'embauche comparés aux candidats aux noms à consonance flamande. e dernier rapport annuel d'UNIA (2017) indique que l'augmentation du nombre de dossiers ouverts pour des faits de discrimination concerne surtout le domaine de l'emploi et du travail. Une récente étude de Federgon montrait qu'un tiers des entreprises d'interim pratiquaient la discrimination à l'embauche. 'origine et ses différents marqueurs (couleur de peau, expression religieuse, patronyme) restent des facteurs déterminants pour expliquer les inégalités sur le marché du travail. Dans un tel contexte, quoi d'étonnant à ce que certains d'entre nous en soient réduits à une uber-économie de la débrouille et du cheap. Tous ces travailleurs des secteurs dits « faibles » ne bénéficient pas non plus des m mes défenses syndicales quand ils ne font pas l'objet d'attaques massives des responsables politiques locaux ou fédéraux.
Nos vies sur une échelle : Les restructurations d'entreprises se succ dent ainsi que leurs lots de licenciements collectifs dans des secteurs à forte main-d'oeuvre ouvri re : de Caterpillar à Arcelor Mittal, en passant par Cartomills et Carrefour. Le patronat ne fait de cadeau à personne. Mais lorsqu'il attaque, ce sont les travailleurs les plus fragiles qui tombent les premiers ; des intérimaires aux sous-traitants, nous payons le prix de la flexibilité.
Depuis que la suédoise a été mise en place, le nombre de conflits sociaux s'est considérablement amplifié en Belgique. En misant toujours plus sur la flexibilité et l'activation pour, dit-il, stimuler la croissance et créer des emplois, ce gouvernement accroît la pression sur la main-d'oeuvre la plus précaire. C'est en particulier le cas pour les travailleurs issus de l'immigration dont la position sur le marché du travail est durablement fragilisée par les multiples discriminations qu'ils subissent. es politiques d'exclusion systématique du chômage qui se sont multipliés depuis une quinzaine d'années les touchent de plein fouet et les précarisent davantage. e Jobs deal adopté par le gouvernement fédéral cet été ne fait que renforcer cette tendance à la chasse aux chômeurs, à la chasse aux malades. A travers le principe de la dégressivité des allocations de chômage, la tension est rendue plus forte que jamais sur les conditions de travail et de salaires, notamment dans les jobs les plus précaires où sont surreprésentés les travailleurs non-Blancs.
Pas de cordée mais une chaine de solidarités : Nous, salariés, syndicalistes, syndiqués ou pas, exploités et discriminés au regard de notre origine, de notre religion, alertons tout le monde du
Travail sur la stratégie des gouvernants à nous montrer du doigt comme responsables des désordres du Monde. Ils pensent ainsi mieux faire passer leurs attaques néolibérales. Hier l'activation des chômeurs, les retraites et l'assurance maladie-invalidité ; aujourd'hui le Jobs deal. Ils avancent jusqu'à écraser le moindre de nos acquis sociaux. Nous savons tous que ces attaques vont aller en se multipliant si nous ne faisons pas front commun pour les dénoncer. Nous devons articuler nos combats comme ils articulent en haut lieu leurs attaques. Exigeons la répartition des richesses, de meilleures conditions de travail et évidemment l'égalité de traitement. Nous vous appelons à ne pas se tromper d'ennemi. Il est temps que l'ensemble des organisations syndicales soutiennent notre lutte contre les discriminations racistes au travail.
Le 30 novembre 2018, contre le racisme et les inégalités sociales, on disparaît de nos lieux de travail, de nos facs, de nos écoles, des réseaux sociaux, des lieux de consommation.
Et le 1er décembre, on réapparaît dans l'espace public à Bruxelles, pour exiger Égalité et Dignité pour tous et toutes.

JUSTICE OU RIEN


Nous, habitants des quartiers populaires, noirs, arabes et rroms, pleurons, et comptons chaque année ceux que la police a soustrait à la vie. Depuis plus de 40 ans, nous poursuivons le combat de nos anciens, mus par une dignité inflexible. Dans nos quartiers du croissant pauvre et, au-delà, nous hurlons que nous ne voulons pas être construits par l’État comme ennemis de l'intérieur, mais qui entend ? Nous refusons que l'on nous déshumanise pour légitimer la « guerre contre l'insécurité » menée dans nos quartiers « stigmatisés » à l'image de celles que l'on mène dans les zones reléguées du monde.
Nous ne voulons pas de policiers qui tuent une migrante kurde de 2 ans d'une balle dans la tête lors d'une course-poursuite, pour arrêter le passeur « à tout prix ». Un an plus tôt, Sabrina et Wassim, poursuivis pour excès de vitesse sur leur moto près de l'avenue Louise, sont fauchés par une voiture de police mise en travers de leur route à la sortie du tunnel. Elle provoque un accident mortel. Nous ne voulons pas de telles tragédies. À Charleroi, le 15 septembre 2014, Youssef Tariki, l'un des nombreux « suicidés » en garde à vue, se serait pendu avec ses chaussettes. Kanda, mort quelques mois plus tard dans un cachot du commissariat d'Anderlecht, l'aurait fait avec son t-shirt. Souleymane J. Archich avait 14 ans, quant à lui, lorsqu'il est mort écrasé par une rame de métro à Molenbeek suite à un contrôle de police. La minute fatidique où il s'est « retrouvé » sur les voies est la seule partie de la bande vidéo des caméras de surveillance endommagée par un «problème technique » ; elle n'est donc pas utilisable pour le procès. C'est également les 12 minutes de vidéo « problématiques » qui ont disparu des caméras du commissariat de Molenbeek où Moad a été tabassé le 11 janvier 2013, à l'âge de 14 ans.
Les meurtres policiers, plus souvent nommés « décès suite à des violences policières » ne sont pas rares. Nous n'entendons parler que des cas où les proches des victimes ont décidé de porter plainte ou de se manifester publiquement. Ce sont les mêmes qui subissent les violences physiques, psychologiques, politiques, symboliques, les humiliations, la torture blanche en prison et les perquisitions massives dans leur quartier au lendemain des attentats. Nous ne voulons plus des tabassages ou des violences policières quotidiennes que ce soient sur les Noirs, les Arabes ou les personnes migrantes, parfois aussi sur des manifestants ou des activistes qui tentent de faire basculer le rapport de force.
Chacun de ces drames, sans parler des nouvelles lois et mesures qui les suscitent et les légitiment, nous laissent souvent avec ce mélange d’écœurement, de colère et d'évidence : « cette fois, un seuil est franchi, ce n'est plus possible, il va se passer quelque-chose, il faut qu'il se passe quelque-chose ». Or la tactique qui mène aux habituels acquittements des policiers et blanchiment des responsables politiques reste immuable et étrangement efficace malgré les degrés d'horreur qui ne semblent plus cesser de grimper : on utilise les habituelles charges de rébellion et d'outrage qui auraient été commis par les personnes en cause ou encore le discours sur la difficulté d'assurer la sécurité de tous sans quelques regrettables dommages collatéraux liés à la « gestion des populations à risque ». Un permis de tuer se joue dans ce recours systématique aux arguments de la légitime défense et de la sécurité. Un racisme profondément ancré dans les pratiques institutionnelles offre l'impunité aux responsables de ces violences. De même que la longue et méthodique construction des minorités et récalcitrants comme des profils à risque pour « la société » génère quelques indignations publiques d'emblée disqualifiées et laissant peu de traces à grande échelle. Ce n'est qu'une démonstration de présence et de force importante et continue qui permettra progressivement de changer la donne.
Ce sont eux ces morts et ces vivants mutilés qui à cet instant nous convoquent. Ils vous disent, que la police est structurellement raciste, que les contrôles au faciès sévissent partout et que, face à cette cérémonie de dégradation, rien ne change. Ils vous disent que si les quartiers populaires sont un poste avancé des violences policières, celles-ci finissent aussi par s'exercer sur l'ensemble de la population, notamment jeune, qui conteste cet ordre néo-libéral.
Le 30 novembre 2018, contre le racisme et les inégalités sociales, on disparaît de nos lieux de travail, de nos facs, de nos écoles, des réseaux sociaux, des lieux de consommation.
Et le 1er décembre, on réapparaît dans l'espace public à Bruxelles, pour exiger Égalité et Dignité pour tous et toutes.

LIBERTE DE CIRCULATION, D'INSTALLATION OU RIEN !


Nous, indigènes1, avec ou sans papiers, subissons toutes les injustices, qu'elles soient raciales, sociales, religieuses, politiques ou économiques, que le gouvernement de Charles Michel, de ses alliés, de ses prédécesseurs aux manettes accentuent toujours un peu plus. Ils nous précarisent, faisant de nous des « riens », des inexistants, des invisibles.
Invité.e.s à venir quand un besoin de main d’œuvre se présente ou chassé.e.s ou obligé.e.s de quitter nos pays par les guerres menées par l'OTAN et l'Europe, par les conflits armés créés et entretenus par les vendeurs d'armes dont la Belgique se gausse, par la spoliation des richesses de nos sous-sols (pétrole, or, uranium, coltan, manganèse, cuivre, ...) sans contrepartie ni réparations en termes de création d'emplois pour nos jeunes ou d'amélioration de nos conditions de vie, par l'accaparement de nos terres, par le dérèglement climatique dont les états industriels sont responsables avec soit des inondations, soit la désertification, par les politiques d'ajustement structurelles imposées à nos pays qui ont détruit toutes les structures sociales, économiques et éducatives, par les accords de partenariats économiques tout à l'avantage des pays « riches », détruisant nos agricultures et nos commerces, nous devrions alors repartir, nous taire, nous laisser faire.
S'ajoute la guerre aux personnes désirant migrer qui atteint des sommets d'ignominie et de cynisme et qui montre à quel point nos existences ne valent rien pour eux : la prétendue « aide au développement » qui sert uniquement à nous empêcher de venir en Europe et permet aux entreprises belges, européennes, supranationales de se partager l'argent de l'Europe (formation et armement des polices dans les pays de départ, construction de camps dit « hotspots » où l'on nous trie comme du bétail, argent donné par « tête » aux pays acceptant de reprendre leurs ressortissants ou autres migrants indésirables en Europe (accord UE/Turquie, accords de Malte UE/Afrique, accords avec le Maroc, la Tunisie, aide financière et militaire aux factions libyennes). La colonisation bat son plein.
Tous ces accords ne sont-ils pas la preuve de la continuation de l'esclavage dont la définition est : « la condition d'un individu privé de sa liberté, qui devient la propriété, exploitable et négociable comme un bien matériel, d'une autre personne » ?
Subissant depuis des siècles ces « accords » économiques et socio-stratégiques, sommes-nous libres ou privé.e.s de liberté ? Nos familles, nos proches ne sont-ils-elles pas « négocié.e.s » comme des biens matériels et donc devenu.e.s de fait la propriété d'autres personnes ou des états ?
Qu'en est-il de notre liberté de circuler et de nous installer comme il est stipulé dans l'article 13 de la Déclaration Universelle des Droits Humains ? (Article 13 : 1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat. 2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays).
Et si, après de nombreuses violences subies et après avoir échappé à la mort comme de nombreux frères et sœurs, nous avons réussi à traverser, comment nous traite-t-on arrivé.e.s en Europe ?
1 Sans-papiers, migrant.e.s, « irrégulier.e.s », demandeur.se.s d'asile, dubliné.e.s, descendant.e.s d'immigré.e.s, deuxième/troisième/quatrième génération, binationaux, métis.ses, quarteron.ne.s, noir.e.s, arabes, rroms, palestinien.ne.s, latinos, philippin.e.s, ... « sous-développés » (perçus comme tels), neg' marrons, musulman.e.s, Rroms, racialisé.e.s, exilé.e.s forcé.e.s, « clandestin.e.s »,
Comme des bêtes ! Pire que des bêtes ! Il est même fait plus de cas en Europe des animaux que de nos vies. Et ne parlons pas des biens matériels !
De nos arrivées les plus anciennes aux plus récentes, une fois ici, c'est la vie à la rue ou entassé.e.s dans des chambres souvent insalubres, à la merci des marchands de sommeil grâce à l’État ! Discriminé.e.s dans les institutions ! Chassé.e.s et pourchassé.e.s continuellement, frappé.e.s, étouffé.e.s, tué.e.s par la police, Humilié.e.s sans cesse par tout l'appareil d’État ! Traité.e.s de terroristes ! Criminalisé.e.s ! Enfermé.e.s ! Expulsé.e.s ! Déporté.e.s ! Noyé.e.s ! Nous ne devons pas exister, ni ici ni ailleurs et il s'agit de bien nous le faire « rentrer dans nos têtes » ! Nous naviguons dans le « non-être ».
Nos frères et nos sœurs sans-papiers sont les esclaves des temps modernes, corvéables à merci et sans droits, travaillant pourtant dans tous les secteurs non délocalisables : aide à la personne, restauration, nettoyage, sécurité, bâtiment, travaux publics, agriculture.
Plus généralement, les racialisé.e.s sont empêché.e.s des sphères professionnelles, socio-économiques, politiques ou considéré.e.s comme des alibis, ce qui amplifie l'essentialisation de nos identités d'indigènes.
Depuis des générations et encore aujourd'hui, nous effectuons les besognes que les blanc.he.s ne veulent pas faire car trop mal payées, trop dures, avec des horaires impossibles et des temps de transport interminables non rémunérés. Nous sommes la main-d’œuvre délocalisée sur place car sans droits, donc sans aucune obligation pour l'employeur en matière de salaire, d'horaires et de conditions décentes de travail. Nos enfants sont pointés du doigt, qu'ils grandissent dans des quartiers populaires ou des territoires plus aisés, ils sont encore les « autres » et chacun.e leur demandera : « Et tu viens d'où ? ».
Tout ce que subissent les racisé.e.s, les « étranger.e.s » (y a t-il un.e étranger.e sur Terre ?) est un crime contre l'humanité. Seul un rassemblement de tou.te.s les « laissé.e.s pour compte » de ce système nous permettra de renverser ensemble la vapeur, de nous soulever afin de bannir cette politique capitaliste qui nous détruit tous.
Alors le 30 novembre 2018, SANS NOUS, contre le racisme et les inégalités sociales, disparaissons tous de nos lieux de travail, de nos facs, de nos écoles, des réseaux sociaux, des lieux de consommation, en soutien aux luttes des sans papiers et de toutes les générations immigrées et de toutes les identités indigènes ;
PUIS
le 1er décembre, 100% NOUS, nous réapparaissons dans l'espace public à Bruxelles, pour exiger Egalité, Liberté et Dignité pour tous et toutes !

ANTICOLONIAL OU RIEN

 L'impérialisme est une donnée essentielle de la situation pour les descendants de colonisés. Il décrit la réalité des grandes puissances économiques, gouvernées par des oligarchies financières et industrielles, qui s'accaparent sans vergogne les richesses du monde. Au nom de la raison économique des grands groupes et de la raison d'État des grandes puissances, la vie des humains et de la nature de pays dit du Tiers-Monde ne compte pour rien dans les calculs des plus importants décideurs financiers et militaires. Après l'effondrement du bloc soviétique et la contre-révolution au Tiers-Monde, le renversement des gouvernements anticolonialistes ou leur cooptation, la plus grande part du globe est devenue l'objet de toutes les rivalités militaires entre grandes puissances et de toutes les logiques prédatrices de la part des exploitations industrielles, agricoles et des institutions financières. Les pays du Sud ou anciennement colonisés sont étranglés par la dictature des marchés financiers, et les populations déshéritées qui y vivent et travaillent sont soumises à une vile surexploitation, aux bas salaires, aux prix élevés des biens de première nécessité, à l'effondrement de leurs infrastructures sous le poids des guerres. La catastrophe climatique, l'épuisement des ressources naturelles et la délocalisation des émissions de carbone du Nord vers le Sud les placent en première ligne du désastre écologique. Ces conditions de vie dégradées, pudiquement appelées « sous-développement », sont la conséquence de politiques et de réformes imposées par l'Occident et ses institutions économiques. La suprématie du dollar à l'échelle mondiale et l'agressivité militaire des États-Unis ont permis aux impérialismes de façonner les politiques économiques et de briser la souveraineté des pays du Sud. Selon les préconisations de Washington, « moderniser » signifie ouvrir tous les secteurs à la concurrence, déréglementer les prix, s'endetter auprès des marchés financiers, limiter les subventions auprès des secteurs agricoles. Ce carcan n'a à offrir au Sud global, aux anciennes colonies, au mieux, qu'une croissance profondément inégalitaire, où une élite occidentalisée, commerçante et financière, monopolise les rentes qu'offrent les ressources naturelles, énergétiques ou le potentiel industriel de leurs pays. Les guerres, le plus souvent téléguidées voire menées depuis l'Occident, jouent un grand rôle dans cette odieuse mondialisation. Le militaire et le sécuritaire constituent des industries florissantes, un marché dans lequel la Belgique joue un rôle majeur. La déstabilisation civile et militaire des pays du Sud est non seulement une façon pour chaque puissance d'étendre ses zones d'influence, non seulement une moyen de vendre des armes, mais c'est aussi une économie à part entière. La destruction et la reconstruction sont complémentaires, à l'image en France de l'entreprise Lafarge commerçant avec les territoires gouvernés par l'État islamique tandis que la coalition dont la Belgique fait partie bombarde les civils à Mossoul et Raqqa pour « lutter contre le terrorisme ». Aujourd'hui, la Belgique opère sur une multitude de fronts, de la RD Congo , Rwanda, et la Syrie. Parmi les sales guerres auxquelles participe l'État Belge, l'une des plus insidieuses est sans nulle doute la guerre du Kivu, - une guerre extrêmement meurtrière pour les civils, dont les conséquences humanitaires sont catastrophiques. Pour la Syrie, la responsabilité belge se joue à plusieurs niveaux comme l'origine et la vente d'armes chimiques utilisées par Bachar Al Asad ainsi que sa participation à la coalition contre Daech dans les bombardements encore intensifiés après le retrait des Pays-Bas de la coalition. Enfin si le rôle de la Belgique au Sahel est moindre que celui de nos voisins français,nous y apportons tout notre soutien. Citons encore le rôle diplomatique et économique vis-à-vis du Congo, notre ancienne colonie dont la richesse a permis l'existence même de notre petit royaume. Une réflexion décoloniale est encore balbutiante comme en témoignent les négociations autour du « nouveau » musée de Tervuren et de la restitution des oeuvres d'art et des restes humains.
Enfin, ce système des guerres par procuration, laissant les économies exsangues et prêtes à subir les prédations de toutes sortes, est indissociable du soutien à la poursuite de la colonisation en Palestine. La Belgique a une double attitude. Mr Michel déclara l'année passée : « Nous nous sommes toujours inscrits dans la volonté d'aboutir à un processus de paix, à des résultats concrets en termes de paix entre la Palestine et l’État d'Israël, c'est un premier point, deuxième importance, ce qui est critiqué dans la position de Trump, ce n'est pas tellement sur le fond, ce qu'il critique ,c'est le moment, et aussi la façon dont c'est fait ». La Belgique tient Israël pour l'un de ses partenaires stratégiques - et comment pourrait-il en être autrement, puisqu'Israël ne se contente pas d'écraser les Palestiniens, le sionisme entrave depuis sa création toute construction étatique souveraine et non-alignée sur Washington ? Quel meilleur allié pour une puissance comme la Belgique qu'un État proclamant tout adversaire économique et militaire du bloc atlantiste comme une menace existentielle ? Cette géopolitique impérialiste et cette économie prédatrice ont une conséquence majeure pour les populations issues de la colonisation en Europe et aux États-Unis. Comme l'avaient constaté Fanon et Malcolm X, la suprématie occidentale est inséparable du racisme, c'est-à-dire de la justification idéologique que certaines vies sont éligibles aux droits humains et d'autres - la majorité de l'humanité - ne comptent pour pas grand chose : victimes collatérales des bombardements, migrants et déplacés par les guerres et le climat, paysans expulsés ou ruinés, populations colonisées, etc. Si la vie des Noir(e)s, Arabes, musulman (e)s, Asiatiques, Sud Américain(e)s, du monde entier ne compte pour rien à l'échelle du monde, il va de soi que dans nos métropoles impérialistes elles sont également de peu de valeur. Par ailleurs, les industries sécuritaires et militaires nourrissent aussi la guerre préventive menée contre les quartiers populaires. Tout est fait, en outre, pour empêcher les populations victimes du racisme de s'immiscer dans les aventures impérialistes belges, notamment du fait de la criminalisation de la campagne BDS, et de la répression des manifestations en soutien à la Palestine ou contre la négrophobie. Dans ce contexte, et pour marquer notre opposition à la suprématie occidentale sous toutes ses formes, ici et ailleurs, nous appelons à célébrer le geste héroïque de Rosa Parks cette année par deux jours de lutte. Exigeons la fin de la présence belge en Afrique, au Moyen-Orient, la fin des activités prédatrices des firmes et des fonds d'investissement belges dans les pays du Sud. Demandons la reconversion de nos industries sécuritaires, militaires et carcérales, de notre complexe nucléaire, en activités réellement nécessaires ou épanouissantes pour les populations. Réclamons la fin de la francophonie, du pillage des ressources naturelles et des forces laborieuses d'Afrique, ainsi que l'abolition de la dette du Tiers-Monde. Le 30 novembre 2018, contre le racisme et les inégalités sociales, on disparaît de nos lieux de travail, de nos facs, de nos écoles, des réseaux sociaux, des grands lieux de consommation. Et le 1er décembre, on réapparaît dans l'espace public à Bruxelles, pour exiger Égalité et Dignité pour tous et toutes.

Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer